Les Quatre se sépareront-ils au milieu d'avril sans avoir rien réglé ?

Marshall a cru...

La vérité, semble-t-il, est que les Américains ont misé exagérément sur cette volonté russe de voir la conférence réussir. Le général Marshall a cru que M. Molotov, engagé en quelque sorte par le fait que la conférence se déroulait à l'ombre du Kremlin, serait prêt à toutes les concessions, même dans le domaine des réparations. Voilà pourquoi il a voulu ouvrir de façon prématurée, le cycle de réunions secrètes. Mais c'était sous-estimer les besoins de l'URSS en biens de consommation.

La seule formule sage serait de déterminer de façon précise, scientifique, ce que l'Allemagne peut payer grâce à ses exportations et pour financer ses importations et pour acquitter ses réparations.

Si cette décision, proposée par Georges Bidault, était prise, le mot échec ne conviendrait plus à la Conférence de Moscou, aussi négatif qu'en soit le résultat, car on aurait au moins réalisé les conditions de succès des conférences ultérieures. Et puis, entre temps, les chancelleries pourraient préparer un accord politique pour résoudre l'ensemble des problèmes. De toutes façons, la conférence ne devrait plus durer longtemps. On parle de plus en plus de la date du 15 avril pour sa fin. D'ici là, les ministres vont procéder à un examen probablement superficiel des autres questions à l'ordre du jour, puis ils liquideront s'ils le peuvent le traité autrichien. Toutefois, M. Molotov a pratiquement lié la question des bien allemands en Autriche à celle des réparations de l'Allemagne. Dès lors, même pour ce dernier objet les chances d'aboutir sont minimes.